L’industrie du Programmatique est remplie d’opportunité et donc également de menace pour les différentes parties prenantes. Si les bannières frauduleuses sont un des risques majeurs côté achat, les Adblocks sont leurs alter égo côté vente, donc pour les éditeurs.
Ces petits logiciels (add-on ou malware cela dépend de quel côté on se place) reposent sur des technologies très basiques, qui se contentent de bloquer certaines URL quand la page d’un site web est appelée. Et comme les noms de adservers (serveur de publicité) ou des prestataires de solutions programmatiques sont bien connus il est plutôt simple de les lister afin d’empêcher l’affichage de leur publicité au sein d’une page web.
Ces adblocks sont utilisés dans différentes circonstances :
- Les internautes eux-mêmes qui estiment que leur expérience de surf est dégradée par trop de publicité, il est vrai que sur les sites des grands médias Français (Le Monde, Le Figaro, Liberation…) on compte facilement plus de 50 tags sur une même page, ce qui doit très certainement avoir, quoiqu’on en pense, une influence sur l’expérience, si ce n’est qu’au niveau du temps d’affichage de la page.
- Certains fournisseurs d’accès comme Free, qui l’ont activé par défaut (temporairement) sur les Freebox V6 afin de montrer leurs muscles lors de négociations avec Google sur le financement de la bande passante des contenus vidéos de YouTube.
OK tout ça c’est bien beau mais quel que soit le point de vue défendu le business des médias a toujours reposé sur la pub, et ce offline ou online, sans pub point de salut pour les médias en général, qu’il soit doté d’une rédaction pléthorique ou pas.
Imaginez ce que donneraient les adblocks dans le monde réel ? Par exemple essayez de peindre en noir les panneaux publicitaires Decaux sur les arrêts de bus… Il y a fort à parier que vous seriez embarqué rapidement par la police et fassiez l’objet de poursuites judiciaires à plusieurs niveaux.
Et c’est bien ce point que nous tenons à développer, pour nous les adblocks sont tout simplement illégaux, en effet ils entrainent un risque économique majeur pour les éditeurs en leur privant d’une partie de leurs revenus alors même que leur équilibre économique est relativement fragile.
Nous sommes donc assez étonnés qu’à date il n’y est aucune initiative juridique d’ampleur en France pour attaquer ce problème et au moins essayer d’endiguer la progression des acteurs majeurs (Adblock Plus par exemple). D’autant plus quand ces derniers commencent tranquillement à commercialiser leur offre aux éditeurs pour leur proposer de récupérer une partie de l’inventaire confisqué, c’est juste hallucinant comme démarche.
Les derniers chiffres que nous ont partagés de grands éditeurs ne vont pas dans le bon sens car l’inventaire bloqué aurait largement dépassé les 20% de l’inventaire global pour se rapprocher des 30%… En effet il n’y a pas de retour en arrière possible dans une telle situation, une fois que l’adblock est installé il est trop tard.
Et l’initiative de Xavier Niel dans tout ça ? Du même niveau que ce que nous venons de dire en pire. En effet les conséquences sont désastreuses, car la cible principale de cette opération de blocage (Google) a largement de quoi encaisser le choc financier qui représente une coupure d’inventaire temporaire sur l’ensemble des abonnés Free. En revanche les conséquences pour les éditeurs de petites et moyennes tailles (français ou Européen par exemple) peuvent être désastreuses si ce type de blocage (généralisé ?) venait à se reproduire et à durer. De plus cette « initiative » a l’effet très vicieux de faire un gros coup de pub pour les adblocks.
Donc si Free tient vraiment à répéter cette opération il serait très facile (et beaucoup plus pertinent) de ne cibler que les éditeurs avec lesquels ils sont en conflits, ce qui pour une société technologique comme Free ne doit pas être bien compliqué à développer. 😉 Rappelons aussi que le patron de Free est également un des principaux actionnaires du Monde, ce qui le place dans une situation idéale pour tout comprendre du business des médias.
DES SOLUTIONS ?
Quelle solution pour ne plus voir son inventaire bloqué par les adblocks sans avoir à payer ces derniers bien entendu ?
Frédéric Montagnon (Overblog, Nomao…) vient de lancer une nouvelle société sur ce créneau dénommée « Secret Media » fournissant aux éditeurs une technologie permettant de rendre anonyme les URL de chacun de leurs emplacements publicitaires.
Concrètement pour chaque publicité diffusée sur une page de votre site, Secret Media fournira une URL aléatoire (sans aucune signification) qui en théorie sera donc non détectable par les Adblocks.
La société étant assez récente reste à savoir comment sa technologie se comportera à grande échelle et quelle sera la réponse des adblocks, mais il nous revient de saluer cette initiative qui est la première réponse / solution structurée pour « bloquer » les adblocks.
L’interview complet « French Web » de Frédéric Montagnon ci-dessous, pour tout comprendre de sa solution.
Raphaël Glatz
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