Comme un air de Fight Club au MWC

de | 29 février 2016

Qu’il est bon d’assister à une conférence ou les speakersMWC Fight club between Google Yahoo and Shine - Programmatic disent ce qu’ils pensent d’une situation donnée aussi polémique soit-elle afin de poser un cadre concret au débat et donner de la perspective.

Et c’est bien ce qui s’est passé la semaine dernière à Barcelone lors d’une conférence ayant pour thème : « Mobile Advertising : Ad-engagement and Ad-blocking » qui a vu s’affronter (au sens presque propre du terme) Google – Yahoo & Shine (Techno d’Ad-blocking mobile au niveau de l’opérateur Telecom).

Sur le Ring : Benjamin Faes pour Google, Nick Hugh pour Yahoo et Roi Carthy pour Shine.

Mais que propose donc Shine pour créer de telles réactions en provenance de ste Américaines plutôt réputées pour la maitrise de leurs communications et leur maitrise d’elle-même sur le terrain médiatique ? Une nouvelle technologie d’Ad-Blocking !

Une de plus me direz-vous ? Oui et non car celle de Shine se situe au niveau des opérateurs Telecom et leur permettrait de bloquer par défaut l’ensemble de la publicité sur les smartphones et tablettes de leurs clients, sans que ces derniers aient leur mot à dire ou quoi que ce soit à faire (un peu comme Free via sa Freebox en 2014) et accessoirement d’analyser l’ensemble de la bande passante utilisée par les technologies publicitaires ainsi que les Datas collectées à cette occasion.

Le tout avec un positionnement plutôt agressif et guerrier à base de comparaison avec l’arme nucléaire, de souhait d’appuyer sur le bouton « Reset » de la publicité Digitale et d’image de Gants de boxe sur leur site web  (voir ci-dessous).

 

Mobile Ad blocking Shine Technology looks to reset Digital Advertising

D’où notre référence au « Fight Club » et l’accueil « chaleureux » de Google et Yahoo, assez logique vue que ces 2 sociétés génèrent au moins 80% de leurs revenus via la publicité.

Effectivement il faut arrêter les formats intrusifs, la collecte et l’utilisation des données personnelles abusives et de notre côté nous croisons tous les jours les doigts pour que les éditeurs passent de la bonne intention à l’action rapidement (et croyez-nous c’est pas facile de taper des articles les doigts croisés).

Si les Ad-Blockers sont une menace « énorme » pour l’industrie de la publicité, ils le sont surtout pour l’édition elle-même, car sans Pub les Editeurs ne sont économiquement pas viables et cela quelque soit leurs tailles, on en revient toujours à la même conclusion basique mais immuable.

A l’image de cette citation chinoise « Quand les gros maigrissent les maigres meurent », Il pourra en être de même pour les éditeurs de petites et moyennes tailles, en effet les éditeurs d’envergure seront toujours mieux armés pour affronter ce phénomène (Abonnement payant, obligation  de désactiver son Ad-blocker pour accéder au contenu, marque forte donc lectorat assidu etc….). Cette fâcheuse conséquence rendra encore plus injustes les effets des Ad-Blockers à grande échelle tel que le propose Shine et cela bien sur sans aucune distinction de savoir si l’éditeur abuse de formats intrusifs ou au contraire ménage son audience.

Cela revient donc clairement à condamner l’ensemble d’une industrie indépendamment de la responsabilité de chacun des acteurs. Et donc casser les liens et relations entre l’audience, les éditeurs et au final les marques. Il s’agit donc de toute l’expérience des médias qui est dans le viseur de ste comme Shine, sans que ces dernières n’est quoi que ce soit à proposer à la place (à part en tirer de confortables revenus).

Néanmoins Google et consorts (spécialement Facebook et plus récemment Critéo) feraient bien de revoir leurs politiques vis à vis des Ad-Blockers, en effet en passant des deals (notamment avec AD-Block+) pour éviter que leurs publicités ne soient bloquées, c’est un véritable message d’encouragement qu’ils ont envoyé à l’ensemble de cette industrie en leur faisant miroiter la possibilité de générer des revenus significatifs et surtout réguliers avec une telle activité. C’est un peu comme faire un deal avec un petit voyou qui essaie de vous racketter… Alors même que Google et Facebook ont des capacités de défense et de blocage de leurs services aux internautes ayant activer un Ad-blocker. Bon OK on est clairement dans l’affrontement où l’internaute n’est pas vraiment au centre des préoccupations, néanmoins vue la tournure des événements et les taux de croissance des Ad-Blockers il va certainement falloir en passer par là à l’image de Bild en Allemagne ou beaucoup plus récemment des échos en France.

 

Raphaël Glatz